La nouvelle vieillesse.

La nouvelle beauté. 

Lorsque mes grands-parents parlent de leurs corps actuels, ils le dénigrent. Ils n'en sont pas fiers, ils en ont honte, ils ne veulent plus le montrer, comme si c'était un secret, une horreur, une abomination qui devrait rester caché, tue au monde, aux yeux des autres. 

Souvent je suis surprise, puis agacée et peinée, de les entendre parler ainsi de leur corps, élément si précieux, si pratique, pour vivre. Si respectable. 

Je n'ai pas compris pourquoi la vieillesse était-elle autant dénigré, aussi cachée, aussi peu représenté. Chaque information est un trésor désormais. Pourquoi cache-t-on ce qui attends la plupart des humains au fil des années ? Je ne pense pas qu'il faille avoir honte de montrer un corps vieux, un corps qui a bien des années. 

Je pense que l'on a honte de ces corps vieux car on ne les représente pas assez. Peut-être aussi car ça nous fait peur, car on ne veut pas voir quelque chose qui ne nous plait pas, que l'on n'a pas envie de vivre. Mais si nous faisions de la vieillesse, une étape de vie aussi sympathique, aussi attrayante que la vingtaine, la trentaine, la quarantaine, que la jeunesse ? Pourquoi devrait-il y avoir uniquement une, deux périodes de vie où nous serions dans "la fleur de l'âge", où nous serions au summum de notre beauté, de notre vitalité ? A quoi bon vivre le reste des années qui nous attendent, si nous savons que le summum de notre beauté, de notre vitalité, est déjà passé ? Quel sens ont ces années post-perfection ? 

Il y a des personnes autour de moi, qui, plus elles vivent, plus elles s'embellissent. La jeunesse, la peau lisse, les cheveux colorés, ne leur allaient pas. Mais les rides, les cheveux blancs, cet âge marqué sur le visage et sur le corps, les subliment et enfin, tout leur physique prend son sens. La révélation. Le summum de beauté qui ne cesse de s'accentuer au fil des âges, chaque année ils sont plus beaux que la précédente et pour rien au monde je ne voudrai les voir jeunes. 

Beaucoup de vieillesses sont superbes, elles ne sont simplement pas mise en valeur. Toutes les vieillesses, comme toutes les jeunesses, ne correspondent pas à tout le monde. 

J'aimerai faire en sorte que chaque étape de vie, chaque période, chaque tranche d'âge, ait sa part de beauté reconnue, que chaque temps soit transcendant et vivant. 

Je veux pouvoir entendre les humains dialoguer de leurs nouvelles rides dont ils s'ont fier, je veux les voir sourire à leur apparition, je veux que, chaque transformation du corps, soit accueillit avec poésie, avec bienveillance et non avec déception, peur, ou encore colère. Ce corps se transforme et personne ne pourra rien, pourquoi le rejeter alors qu'il suit le court naturel des choses ? Je trouve ça très violent. Ce corps n'a rien demandé, il vous a guidé, vous a porté, vous a permis de vivre cette vie, jusqu'à un âge où, oui, il change encore, et peut-être dans un sens qui vous déplait, et c'est ainsi que nous devrions le remercier ? 

Je comprends que l'on puisse vouloir cacher un corps qui se transforme, je le respecte. Cependant, j'accepte qu'il soit caché, garder des yeux du monde, à condition qu'il soit aimé par son propriétaire, respecté et entretenu avec bienveillance. 

Il y a deux chemins, au choix. Celui de détester son corps qui se transforme jusqu'à ce que vous disparaissiez tous les deux. Ou bien décider de l'aimer, lui, vous, avec vos changements, être dans l'amour jusqu'à ce que vous disparaissiez tous les deux, amoureux. 

.Louna Déelle.