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Chère Nature,

Je sais que tu vas mal, et j'en suis désolée. C'est à cause de nous, humains que tu abrites, que la maladie t'a atteinte. Tu as pourtant la générosité de tous nous héberger, sans exception. Peu importe notre couleur de peau, nos pensées, notre religion, nos valeurs ou opinions. Même si l'on te fait du mal, tu n'arrives pas à te dire "Je dois faire quelque chose pour tous les exterminer." "Non.". Nous sommes et je suis, ton cancer. Et je tenais à m'en excuser.

Je suis désolée.

Désolée de te détruire un peu plus chaque jour alors que je t'aime tant. Je suis désolée d'anéantir tout ce que tu as pu créer, car moi, humain, je tiens à tout savoir, tout découvrir, tout résolver, tout contrôler. Tout expliquer. Tout et tout le temps, sans te laisser une seconde de répit.

Tu dois être essoufflée.

Mais ce n'est pas cela qui nous empêche d'abattre nos propres poumons. D'anéantir chacune de tes ressources, jusqu'à la dernière. Peu importe si elles sont essentielles à ta survie et à la notre, par la même occasion.

Je suis sincèrement désolée, Terre, mais aussi révoltée. Je culpabilise de mes actions et de celles des autres, mais l'Humain est égoïste et continuera à te détruire, même après notre extinction.

Un être qui tue les individus de sa propre espèce...

Des êtres qui s'entretuent les uns les autres.

Nous mourrons avec toi. Et tu mourras avec nous.

Alors je m'excuse bien que cela ne va rien changer à la situation. Je m'excuse et je te remercie d'avoir tant pris soin de nous. De nous montrer, de nous donner et offrir, toutes ses merveilles que nous détruisons petit à petit, mais désormais trop vite. J'aimerai que tu fasses quelque chose pour nous anéantir. Bats-toi contre ton cancer. Un cancer peut se guérir, tu sais, ne fais juste pas l'erreur de donner une nouvelle possibilité de développement à une espèce similaire à la notre. Je te demande, et je te supplie de tous nous tuer.

Nous n'avons aucun respect envers toi et envers les autres de notre espèce, envers les autres êtres que tu as créé avec tant d'amour et de délicatesse. Je suis désolée. Heureusement que nous finissons tous par mourir, sinon imagine !

En attendant je vais faire mon possible pour devenir ta morphine, apaiser ta douleur, limiter les dégâts et te rassurer en séchant tes pleurs silencieux mais pourtant si visibles. Ta mort prochaine n'est plus un secret pour personne, certains en sont effrayés, d'autres ne veulent pas voir la vérité.