• .Se réhabituer à la nuit.

    Il y a quelques semaines...

     

    .Se réhabituer à la nuit.

     

    Il y a quelques semaines je me suis installée sur mon balcon. J'attendais la nuit. J'aime vivre avec le soleil, mais encore plus avec la lune. Alors j'attendais la nuit, comme tous les étés, cette période de l'année où j'aime veillé jusque tard, généralement une heure du matin qui me semble une heure correcte pour se coucher et pour rester éveillée à la fois. J'aime grappiller ces instants de nuit où il fait froid, où le ciel est dégagé, où le silence règne parfois brisé par une voiture ou des éclats de voix, de rire. L'intemporalité du moment me séduit et m'engloutit complètement.

    Je me suis installée sur mon balcon, attendant que la nuit tombe, que les étoiles apparaissent et que les belles couleurs pastels du ciel s'effacent pour laisser place au bleu encre virant au noir qui m'étreint parfois. Mais je n'ai pas décidé de veiller tard ce soir-là, c'était une obligation que je me suis moi-même imposée. Je devais me réhabituer à la nuit, lui refaire confiance, retrouver se plaisir de la voir s'installer, de vivre quelques heures à ses côtés. Je ne pouvais pas continuer à vivre avec l'amertume de la peur qui me restait en bouche depuis la dernière nuit où j'étais de sortie, où j'étais là, dehors, avec la lune, les étoiles mais pas le silence.

    Peut-être est-ce pour quoi j'ai eu peur ce soir-là. La nuit s'installait tranquillement, la lune était de sortie, belle comme à son habitude et le soleil avait disparu mais laissait encore des empreintes orangées dans le fond du ciel, tout en bas, que l'on peut voir uniquement lorsque l'horizon est dégagé. J'étais contente de sortir la nuit, ça faisait un moment que je ne l'avais pas fait et les ombres nocturnes me manquait, la dernière ombre nocturne que j'ai du voir avant ce soir-là devait se perdre dans la mer d'ailleurs, grâce à une lampe de téléphone surement. Mais bref, j'étais dans une voiture, nous ne roulions pas spécialement vite mais je me suis sentie angoissée. Nous traversions le centre de la ville, les bars étaient illuminés, les gens de sortie, et tout me semblait trop lumineux, trop bruyant, trop sombre, trop inquiétant. Je me suis mise à penser à toute la violence que renfermait la nuit, où bruit assourdissant des boîtes de nuit, aux sueurs, aux corps qui se collent, qui se croisent, aux jeux de lumière, à la pollution qui semble retomber, puis devant moi il y a eu le vide de la route, une ligne droite interminable, la noirceur du goudron, les quelques lampadaires et les arbres, taches fugaces qui se volatilisent, que nous dépassions trop rapidement.

    La nuit est habituellement une ambiance que j'aime.

     

    .Se réhabituer à la nuit.

     

    Mais ce soir-là elle m'a mise mal à l'aise. Je me souviens m'être raccroché aux premières étoiles naissantes, à l'horizon dégagé et à la lune, mais rien n'y faisait, le malaise me gagnait. Ce n'était pas une obscurité rassurante. Ça devait faire plusieurs semaines voir plusieurs mois que je n'avais pas vécu la nuit et j'ai alors compris deux choses. Premièrement que j'aimais la nuit uniquement lorsque j'étais seule avec elle. J'aime beaucoup de choses lorsque je suis seule. Apprécier la nature lorsque je suis seule semble aller de soi tandis qu'avec d'autres humains autour de moi je suis bloquée, je ne peux pas m'abandonner. La deuxième est que j'avais passé trop de temps sans voir la nuit, sans vivre avec elle, sans prendre le temps de m'installer avec elle, de me poser, de discuter, de respirer son air. Exactement la même difficulté à vivre avec elle que lorsque je passe trop de temps avec des humains et pas assez seule, rien qu'avec moi, il y a cette difficulté à revenir vers soi en étant serein, en étant bien. Car quand on abandonne trop longtemps quelqu'un ou quelque chose, un décalage se créer et le temps de réadaptation, le temps du pardon ? de la reconnaissance ? des retrouvailles ? peut être long et difficile, voir blessant lorsque l'on ne s'est pas rendu compte que nous étions parti si longtemps et que nous avions fait du mal dans les deux camps.

     

    Il a fallu que je me réhabitue à la nuit, alors je me suis installée sur mon balcon.

    Ou peut-être était-ce la nuit, qui devait être en pleine réflexion, savoir si elle m'acceptait ou non.

    je crois qu'elle a bien voulu de moi :)

     

    .Louna Déelle.

     

     

     

     

     

     

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