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.Comme si c'était la fin du monde.
Moo mapmopï ale naeep anu dlow.
Il y a quelques années, j'avais réalisé une vidéo intitulé "Les derniers humains", parlant déjà de cette impression de fin du monde. Mais c'était beau.
Cet été, j'y suis retourné et j'ai encore eu cette impression. Malgré les touristes, les plages animées, la vie dans la maison, autour de moi. En vérité, plus je vais là-bas et plus c'est une évidence pour moi que, là-bas, la sensation de fin du monde réside. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi. Mais je la ressens et elle est indéniablement présente.
Ça ne me fait jamais ça ailleurs, c'est uniquement là-bas que la fin du monde est constante. Mais une fin du monde belle, pas apocalyptique. Celle-ci est silencieuse. Un silence triste et magnifique à la fois. Triste car c'est la fin, c'est terminé, il faut passer à autre chose. Magnifique car c'est la nature, c'est le vent, les vagues, les oiseaux, la beauté du ciel, le calme, le feutré, le vivant. Et étrangement j'adore ressentir cette sensation presque apaisante de fin du monde. C'est comme si nous étions les derniers humains à voir ces paysages, à vivre, à ressentir, à rire. Ça donne une intensité. Mais aussi une soif de vivre, un refus de laisser tout ce monde se terminer qui nous pousse à nous sentir, de désespoir.
Il y a une véritable ambivalence et ambiguïté qui se joue constamment entre désespoir, peine et acceptation, beauté, bien-être.
Car, en sentant cette fin du monde, tout devient plus important, plus urgent, plus beau, plus grandiose. Les vagues ne sont plus juste des vagues, même si elles n'ont jamais été "juste" des vagues, elles deviennent suprêmes. Tout devient plus intense. Mais tellement beau, tellement intense, que ça en fait mal. Je ne sais pas si vous avez déjà ressenti ça, mais je l'espère, et en même temps je ne vous le souhaite pas. Quoique si. J'espère que vous comprenez cette sensation où vous sentez votre estomac dans votre ventre, il semble tout embrumé, tout lourd et léger à la fois, rempli de fumée, d'émotions, de ressenti. Cette sensation de vie dans votre cage thoracique, en parallèle de la colonne vertébrale, mais aussi dans le plexus solaire, cette émotion face à la nature, au silence et à vous dans toute cette immensité, dernier humain pouvant contempler, ressentir, avant de disparaître et de laisser ce monde vivre sans vous tandis que vous, vous partez ailleurs, on ne sait trop où. Peut-être chez vous, tout à l'intérieur de vous-même, roulé en boule et apaisant vos dernières cicatrices, réchauffant votre être et, enfin, vous endormir apaisé, attristé, heureux de cesser de vivre cette vie, heureux d'avoir pu expérimenter tout ce que vous avez vécu, d'avoir vu toute la beauté mais aussi la monstruosité, d'avoir pu vous forger des opinions, d'avoir aimé, détesté, laissé les émotions vous traverser.
Car grâce à ce lieu, qui sera un jour ensevelit sous la mer, qui deviendra la mer (j'aime me dire que je marche là où, plus tard, des êtres marins nageront, vivront, et il y aura eu moi, un instant, ici, à pleurer de beauté), je peux faire une sorte de bilan. Ce lieu, à chaque fois, il me fait me rendre compte de la chance que j'ai d'être en vie, de vivre, d'avoir tout ce que je ne possède pas, de voir tout ce que je vois, d'entendre tout ce que j'entends. Ce lieu me permet d'être reconnaissante, d'aimer encore plus, de me rendre compte de ce qui est important, de ce que je veux vraiment, ressentir la vie, voir du beau, être dans la nature, créer, être avec le monde. La reconnaissance est un sentiment incroyable, êtes-vous d'accord si nous l'accordions à une forme d'amour ? , c'est un sentiment très puissant, car c'est un "merci" de l'âme, qui rempli d'amour, qui nous fait être aligné. J'espère que vous ressentez tout ce que je viens d'écrire quelques fois dans votre vie, ou tout les jours.
Je ne sais toujours pas pourquoi, ce lieu résonne comme la fin du monde pour moi, les autres morceaux de mer que j'ai vu ne m'ont jamais donné cette impression, les autres cieux n'ont plus, la nature ne m'a jamais paru aussi intense que là-bas. Je me suis rendue compte qu'il y a quelque chose de fort là-bas, peut-être la trace des celtes, des cultes, des menhirs dont on ne perse pas toujours les secrets, mais il y a quelque chose. Quelque chose de puissant qui m'aimante constamment, qui me fait ressentir un manque monstrueux de cet endroit et qui me pèse, durant des jours. Et d'autres fois, j'ai juste à fermer les yeux, à m'imaginer être là-bas, et tout est là, pas besoin d'y être réellement physiquement. J'y suis spirituellement. Je crois ?
.Louna Déelle.
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