Je. m'en. vais.

Je pars quelques temps, loin du monde. Je pars quelques moments. Je m'en vais retrouver mon esprit, ma tête, mon moi intérieur. je m'en vais me retrouver en forêt, avec des animaux, en plein dans les branches dégarnies de feuilles, là où les troncs deviennent glissant par la pluie. Je me prend une pause, je ne sais pas combien de temps elle durera, peut-être deux jours, peut-être des semaines, des mois, des années, mais je dois me protéger, me guérir. Rassurer mon mental que tout va bien et tout ira bien.

Il y a quelques jours, je suis sortie de moi. J'ai mis le nez dehors. Il faisait bon et la seconde d'après, c'est comme si un blizzard m'avait écorché l'entièreté du corps et que ma peau était désormais à vif. Mais ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait. Dès que je met le nez dehors, dès que je sors de mon être pour m'occuper du monde, voir comment c'est par ici, voir ce que je peux proposer, je me retrouve au milieu du chaos, frappée par une violence inouïe que je ne connais pas lorsque je suis en moi, que je ne connais plus chez moi. À chaque fois que je vais dehors, c'est une violence qui s'offre à moi, une violence que je ne peux pas supporter longtemps, qui attaque trop rapidement ma santé mentale.

Alors je me retire du monde pour me guérir, pour m'armer, me préparer à agir à mon échelle. Mais à chaque fois je ne dure jamais longtemps car elle grossit à chaque instant, elle a une longueur d'avance sur moi. Alors je prend une décision. Je m'en vais. Je m'en vais me barricader d'amour, de beauté, d'espoir, pour revenir parmi la violence et proposer le respect. Comme la personne qui jouait du violon sur le no man's land entre les français et les allemands.

Alors je serai là, dans les rues, je serai là, sur Terre, visible de vos yeux, mais je serai en moi, pas vraiment avec vous, sur une autre fréquence. Elle est toute douce, cette fréquence.

.Louna Déelle.